Posté le : 15/07/2015

Humeur : effrayé  

Qu’est-ce que je faisais dans les bois ce jour-là, c’est une bonne question. Je ne suis même pas sûr de le savoir moi-même. Ce qui compte, c’est que j’y étais, dans ce bois, ce bois frais même en été, mais surtout ce bois dans lequel j’ai tout perdu. Je marchais sur les sentiers, ramassais parfois une bouteille ou l’autre qui gisait par terre et l’apportait à la poubelle la plus proche. Ça me désole tout de même que la forêt soit un tel dépotoir ... Les humains ne pensent qu’à eux, pas à ceux qui les entourent, et se fichent des conséquences de leurs actions. “Les humains”, je dis ça comme si je n’en étais pas un, haha ... Ce qui est vrai, en fait, je n’en suis plus un, plus vraiment.

La forêt avait tout de même quelque chose de reposant, voire d’attirant, quand bien même elle faisait remonter des souvenirs peu agréables. Elle est un peu comme une vieille maison dans laquelle j’aurais vécu durant des années et où j’aurais dû faire face à une tragédie, mais qui resterait mon foyer, un endroit où me réfugier. Un refuge, c’est ça que je vois en la forêt. Un endroit où je peux être qui je suis sans me préoccuper des autres. Je me demande si je dois ça à mon sang de renard ...

Mais bon, ce qui vous intéresse ce n’est pas la portée philosophique de la forêt pour moi, mais bien l’action, et ceux d’entre vous qui auraient encore des doutes et qui croiraient que cette entrée n’allait consister que de moi marchant dans les bois sans but, j’aimerais les rassurer en leur disant que non, ce n’est pas comme ça que les choses vont se passer. Pas du tout.

Donc reprenons : je marchais dans les bois, perdu dans mes pensées, m’arrêtant de temps en temps pour nettoyer les bas-côtés, jusqu’à-ce que je sente une odeur, et pas n’importe quelle odeur. Une odeur que je n’avais jamais senti auparavant et pourtant je savais d’instinct ce qu’elle représentait : un renard garou.

La dernière fois que j’en ai croisé un dans les bois, ça s’est très mal terminé.

Non pas que je pourrais me re-transformer en renard-garou, mais vous voyez ce que je veux dire.

J’ai commencé à paniquer. Et si c’était le même ? Et s’il revenait après moi pour finir le travail ou je-ne-sais-quoi ? Je ne veux plus jamais le revoir, jamais. Je veux que tous les renards-garou et même les coyotes et les loups et les vampires et tous les je-ne-sais-quoi-d’autres restent loin de moi. Très loin de moi.

J’ai donc fait demi-tour et commencé à marcher rapidement vers l’entrée du bois. J’avais toujours l’espoir que l’autre ne m’avait pas vu et je pensais que courir ne ferais qu’empirer les choses et me donnerait un air suspect. Donc je marchais aussi vite que je le pouvais, un peu comme les mamies qui faisaient le tour du quartier parfois et qui étaient trop vieilles pour courir.

Mais je me trompais en croyant pouvoir lui échapper ...

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Posté le : 15/07/2015

Humeur : effrayé  

Je continue de marcher mais la présence du garou se faisait de plus en plus sentir, alors j’accélère le pas autant que je le peux. Je serai bientôt à la sortie de la forêt, encore un petit effort et je serai à l’abri ... Est-ce que les fourrés viennent de bouger à quelques mètres devant moi ? Oui, ils viennent de bouger et un éclair roux en est sorti.

Je m’immobilise immédiatement à la vue du renard qui s’assied au milieu du chemin et je recule d’un pas. Terrorisé ? Je n’irais pas jusque là mais j’ai peur pour ma vie, peur qu’il soit là pour finir le travail ou pour essayer de m’attirer dans sa clique de renards garous que je n’ai absolument pas envie de rejoindre. C’est perturbant à quel point il ressemble à un “vrai” renard, si ce n’est pour ses yeux qui ont quelque chose de particulier sur laquelle je n’arrive pas à mettre le doigt.

“Bonjour.”

Oh, je ne savais pas qu’on pouvait parler sous forme de renard. C’était une voix féminine, pas malsaine ou inquiétante, juste un “bonjour” comme on en offrirait un à son voisin. Je commence à douter que ce soit bien le renard de l’autre nuit, mais quoi qu’il en soit je ne veux rien avoir à faire avec elle, juste rentrer chez moi et oublier tout ça.

Le renard se redresse alors et devient une humaine dans la trentaine. Je suis presque jaloux qu’elle sache se transformer à volonté et pas moi ... Si ça se fait, elle l’a voulu d’être renarde, et du coup son pouvoir lui obéit comme un petit chien et elle en fait ce qu’elle veut ; tandis que moi qui n’en avais aucune envie n’ai absolument aucun contrôle. La vie est injuste.

“Pourquoi fuis-tu. As-tu vu un fantôme ? Tu es blême. Pourtant ton odeur m’indique que tu es comme moi. Au fait je m’appelle Penelope. Et toi ?”

Huh, non j’ai vu pire qu’un fantôme.

On ne s’est définitivement jamais croisés, quelque chose me dit qu’il est impossible que ce soit elle qui m’ait mordu, mais je reste suspect de toute forme surnaturelle, surtout les renards garous. Qui me dit qu’elle ne connaît pas celui qui m’a fait ça, hein ? Nous sommes seuls, dans les bois, sans témoins, elle pourrait me tuer sans que personne ne le sache.

“Non, je ne suis pas comme toi, alors laisse-moi passer et oublie que tu m’as vu.”

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