Il ne sait pas exactement ce qui lui a pris, de vouloir essayer autre chose. Il ne sait pas vraiment pourquoi il accepte, quand le dealer lui propose de tester un SpeedBall. Peut-être qu'il en avait juste envie. Alors il accepte, et il mélange cocaïne et héroïne. Seulement, il y a des effets qu'il n'avait pas vraiment anticipés -parce que oui, on peut être un drogué de longue date et n'avoir aucune conscience de l'effet de certaines drogues ou de leur mélange sur un organisme-.

Il était donc particulièrement excité ce soir-là. Dans le sens sexuel du terme, oui. Et son cerveau noyé par la drogue ne réagissait pas devant l'absurde réalité de la chose. Absurde, parce que ce soir-là, les corps qui l'attiraient étaient ceux auxquels il ne prêtait habituellement pas attention, voire qui le repoussait. Absurde, parce que ce soir-là, il prêtait plus d'attention aux muscles saillants qu'aux poitrines arrondies. Absurde, parce que ce soir-là, son désir se portait sur des hommes.

Son regard tomba sur le chasseur. Celui qu'il avait déjà croisé plusieurs fois, et qu'il semblait être destiné à croiser -ça il ne le pensait pas en cet instant, c'est moi qui le rajoute pour le côté lyrique m'voyez-. Mais en cet instant présent, son regard était différent. Pas agacé comme il avait pu l'être, pas perplexe. Un regard relativement affamé. Et également stupéfait genre "what mais pourquoi est-ce que je suis pas déjà en train de l'embrasser ?"

Ce fut donc très logiquement qu'il se glissa entre les gens jusqu'au bouclé pour se coller à lui. Et lui rouler une énorme pelle et glisser ses mains sous son t-shirt, accessoirement.

Il répond au baiser, et Luce se sent bien. Parfaitement bien même. Ça a l'air juste. Et vrai. Plus qu'avec les filles. Il ne se pose pas la question de savoir si c'est bien ou très mal comme sa tante et son oncle lui ont enseigné, il s'en fiche. Là, tout de suite, il est bien dans ses bras, et le blond embrasse bien. Très très bien même. Il sent le mur appuyer contre son dos, et ça aussi il s'en fiche, alors même que dans tous les films nuls, ce sont les filles qui se font plaquer au mur et qu'il n'est pas une fille. Il glisse un bras autour de la nuque de l'autre, le rapprochant de lui pour l'embrasser un peu plus intensément.

"Pourquoi j'ai pas fait ça plus tôt ?"

Il marmonne ça contre les lèvres de l'autre garçon avant de recommencer à l'embrasser. Il se pose réellement la question. Pourquoi est-ce qu'il a attendu, déjà ? Pourquoi est-ce qu'il a fait comme si les garçons ne l'intéressaient pas pendant tout ce temps ? Parce que là, c'est plus que clair qu'ils l'intéressent, qu'ils l'intéressent même beaucoup. Surtout le spécimen qui lui fait fasse. Comment a-t-il fait pour ne pas voir plus tôt à quel point il était canon ? C'était du gâchis et une perte de temps phénoménale, vraiment. De quoi avait-il peur, au juste ? Ouais, son oncle et sa tante avaient dit que c'était mauvais, et ils avaient dit la même chose pour lui, et il se pourrait qu'ils aient eu raison. Mais rien ne prouvait que c'était vrai pour ça aussi ...

Le type a passé un bras autour de la nuque du chasseur et le blond aime ça. Il aime la proximité que ça implique et il aime ce nouveau baiser encore plus intense. Quand il entend ces quelques mots, prononcés contre ses lèves -et putain ce que cette légère vibration est sexy- il ouvre enfin les yeux. Et il croise des prunelles bleues foncées, à se damner. Et contrairement à ce qu'on voit dans les films, non, ça ne fait toujours pas tilt. Il ne le repousse pas en lui disant que c'est mal. Au contraire il l'embrasse dans le cou, sur ce tatouage d'oiseau qu'il avait repéré. "J'en sais rien. Mais t'aurais pas dû. Parce que c'est beaucoup trop bon."

Tout aussi bon que lorsque le chasseur colle leurs hanches et amorce un léger mouvement du bassin. Il le veut. Comme depuis un moment, même s'il s'était décidé à faire une croix sur lui. Nan en fait, il le veut encore plus que ça. Il gémit contre son cou. Il revient sur ses lèvres et se dit que peut-être ces lèvres là sont la clé du paradis. Ah et qu'il a trouvé quelqu'un pour se défrustrer. Il pose ses mains sur la taille du jeune homme, profite du contact de ses main sur ses hanches un peu saillantes. Il se perd dans ces yeux bleus si profond. Ces yeux bleus qui relfètent un désir sans limite. Et sur ses lèvres à lui s'affiche un petit sourire amusé. Et il souffle doucement "Finalement tu aimes bien te faire plaquer contre les murs ?"

Il le regarde un instant, et Luce lit un désir semblable au sien dans les prunelles de l'autre. Peut-être un peu moins chimique, mais très semblable. Ils avaient vraiment perdu trop de temps … Les lèvres de l'autre s'attardent dans son cou, sur un des tatouages, et le geste envoit des petites ondes de plaisir dans tout le corps de Luce, réaction qui se manisfeste par un léger frisson.

"J'en sais rien. Mais t'aurais pas dû. Parce que c'est beaucoup trop bon."

Le chasseur est d'accord, le jeune homme n'aurait pas dû hésiter. Ça, c'est clair qu'il regrette. Enfin, il regretterai si son cerveau était en état de penser à autre chose que le corps de l'autre contre lui, et son léger mouvement de bassin contre le sien, entraînant par là-même un léger gémissement du brun. C'était parfait comme sensation. Aussi parfait que de sentir le désir qu'il provoquait, aussi parfait que les mains du bouclé sur ses hanches, aussi parfait que son petit sourire amusé que Luce ferait bien disparaître à coups de baisers … enfin, il ne voulait pas vraiment faire disparaître ce sourire, mais l'embrasser en tous cas, oui, il voulait.

"Finalement tu aimes bien te faire plaquer contre les murs ?"

Un sourire un peu paresseux étire les lèvres du tatoué.

"Mm. Réflexion faite, ouais. Comme quoi, y a toujours moyen de changer d'avis …"

Et il recommence à l'embrasser, comme s'il était affamé de baisers, de ses baisers à lui. Il lui mordille un peu la lèvre, doucement, en caressant les abdos du chasseur de la main qu'il avait glissé sous son T-shirt.. Il était vraiment hyper bien gaulé, ce serait dommage de pas en profiter.

Gabriel lit le désir dans les prunelles bleues et il se mordille la lèvre, attiré par ce sourire paresseux qui êire ces lèvres, et ce cou qui semble être fait pour être embrassé, mordillé, marqué. Il sourit à cette histoire de changement d'avis et il souffle, toujours l'air espiègle "C'est pas la seule chose sur laquelle t'as changé d'avis." Parce qu'il se souvient très bien avoir été repoussé pas mal de fois, sous prétexte que le brun était hétéro. Mais c'est pas importabt piur lui, à l'instant présent. Ce qui est important, en revanche, c'est les lèvres du tatoué contre les siennes. Il embrasse décidément beaucoup trop bien pour le chasseur. Le blond va finir par virer accro de ce genre de baisers. Alors, quand les dents maltraitent délicatement sa bouche, il ne retient pas le gémissement qui s'elève déjà dans les airs.

Et puis il y a cette main fraîche qui caresse ses abdos, qui retrace chaque ligne dessinée par les muscles, développés par huit ans d'entraînement intensif. Cette main aux doigts fins et agiles, qu'il a envie de sentir partour sur son corps. Des mains joueuses. Des mains d'adolescent pas très timide. D'adolescent. Le cerveau de Gabriel buggue à cette pensée. Il cligne des yeux une fois, deux fois, trois fois. Il le regarde, et orend conscience de ces pupilles dilatées. Alors il met fin à ces baisers passionnés et fiévreux et il s'éloigne de quelques centimètres. "T'es mineur." Qu'il laisse tomber, comme ça, comme un jugement, comme si ça changeait tout. Et ça change tout. "Et j'ai vingt ans. Non. Je peux pas. C'est mal. Je suis pas pédophile." Ça y est, les neurones sont de retour.

Lorsque le chasseur s'éloigne, Luce gémit un peu de frustration. Il ne s'attendait pas franchement à ça, et il a envie que l'autre revienne l'embrasser immédiatement. Qu'il annule la distance qu'il vient de mettre entre eux.

"T'es mineur. Et j'ai vingt ans. Non. Je peux pas. C'est mal. Je suis pas pédophile."

Le désir de Luce pour le bouclé est toujours présent dans ses prunelles, mais il est rejoint par une légère perplexité. Drogué oui, incapable de réfléchir, non -enfin si, d'un coté il ne réfléchissait pas vraiment à l'essentiel, à savoir "qu'est-ce que je fous à embrasser un mec alors que je suis parfaitement hétéro ?"-.

"Te fous pas de moi, tu l'savais déjà quand t'as commencé à me chauffer … Et c'est pas de la pédophilie,ça ça concerne les enfants pré-pubères. Je suis pas franchement pré-pubère. Et j'ai atteint la majorité sexuelle, je peux décider tout seul de si je veux une relation avec un mec plus vieux ou pas."

Il essaye de ne pas avoir l'air agacé, mais il est agacé. Non mais franchement, se découvrir soudainement une morale après l'avoir honteusement dragué pendant des semaines, il fallait pas se foutre de la gueule du monde non plus, ça venait un peu -beaucoup- trop tard. Et ce n'était pas maintenant que Luce s'était décidé qu'il allait changer d'avis, non mais oh.

Le brun lui souligne qu’il connaît son âge depuis le début, et que pourtant, ça ne l’a pas empêché de le draguer ces dernières semaines. Et cela, il doit bien le lui concéder. Mais il s’était pourtant dit qu’il ne le chaufferait plus, depuis la dernière fois où il l’avait aidé avec sa crise de manque. Et il ne l’avait d’ailleurs pas fait. Parce que les choses avaient changé. Avant, Luce n’était qu’un fantasme –légèrement obsessionnel-. Mais il y avait eu du changement, depuis qu’il avait vu cette autre facette du jeune homme. Et il ne voulait plus de ça. Ce serait mentir que de dire qu’il ne voulait plus du tatoué –il n’était pas sûr de comprendre comment on pouvait ne pas vouloir de ce véritable sex-symbol- mais il ne voulait pas avoir l’impression d’abuser de lui. L’autre lui énumère différent arguments qui invalident le sien. Et il ne retient qu’une seule chose. « T’as peut-être la majorité sexuelle, mais vu dans l’état dans lequel tu es, Lucifer, je ne suis pas sûr que tu sois toi-même. Et donc en mesure de faire tes propres choix et de savoir si tu veux vraiment coucher avec moi ou pas. » Parce que Luce est drogué, et cette information vient tout juste de remonter au cerveau de Gabriel. Drogué, à l’héroïne. Avec les pupilles en tête d’épingles. Là, elles sont dilatées, presque à l’extrême. Ce sont les effets de la cocaïne, ça. Un changement de drogue pouvait entraîner pas mal d’effets secondaires. Non, ce n’était vraiment pas une bonne idée de coucher avec lui, et il ferait mieux de s’abstenir. Mais bon sang qu’il en avait envie. « Et puis, c’est toi qui me répète depuis le début que tu es hétéro, et qui roule d’énormes galoches à des filles pour me le prouver. »

"T’as peut-être la majorité sexuelle, mais vu dans l’état dans lequel tu es, Lucifer, je ne suis pas sûr que tu sois toi-même. Et donc en mesure de faire tes propres choix et de savoir si tu veux vraiment coucher avec moi ou pas."

L'argument était recevable. Même parfaitement recevable, parce que coucher avec un mec -ou une nana d'ailleurs- déchiré, c'était un viol. Luce est un peu troublé parce que l'autre vient de dire. Pas convaincu, parce qu'il est quand même trop haut pour ça -même si il redescend doucement-, mais un peu troublé. Il n'a pas l'impression que son désir est artificiel, et peut-être qu'il l'est. C'est dérangeant comme impression.

"Et puis, c’est toi qui me répète depuis le début que tu es hétéro, et qui roule d’énormes galoches à des filles pour me le prouver."

Argument également très recevable. Ça non plus, Luce n'avait pas l'impression que c'était artificiel. Que le corps des garçons était aussi attirant que celui des filles. Il a juste l'impression qu'il ne s'en est jamais rendu compte avant, et que la drogue lui a enlevé un voile de devant les yeux. Il n'empêche que réaliser, soudainement, ce qu'il a fait, le fait relever ses yeux vers l'autre d'un air hésitant.

"Je … je sais pas, je, j'ai plus l'impression de l'être …"

Il se mordille un peu la lèvre, baisse les yeux vers le sol, se met de nouveau à réfléchir.

"T'as ptetre pas tort … j'ai besoin de réfléchir, à, euh, ça … Jvais y aller du coup …"

Le contraste entre le Luce plein d'assurance qui n'hésite pas à embrasser langoureusement la personne qu'il veut et le Luce qui bégaye presque tellement il se retrouve perturbé est assez soudain et frappant. Il se dirige vers la sortie, désir et envie immédiate oubliés.

Gab' le voit perdre son assurance, et s'il n'en est plus que frustré, il prend sur lui. Il est content de le voir reconsidérer les choses. Et cet air pensif lui va si bien, à ce jeune tatoué. Il a envie de lui caresser le visage, plus que de juste coucher avec lui. Il a envie de le prendre tendrement dans ses bras, de lui caresser les cheveux, d'embrasser chastement ces lèvres délicates. De se plonger dans ces yeux sans fin, gâchés par les pupilles trop dilatées. Il le voit, complètement paumé, il l'entend lui dire qu'il n'a plus l'impression d'être hétéro. Et il y a quelque chose qui s'allume en Gab'. Un espoir. Bien sûr, il ne viendra pas le déranger tandis que le brun est en pleine introspection. Ce n'est pas son genre de faire ce genre de choses, il est assez perturbé comme ça. Mais il y a un espoir, une porte qui s'est entrouverte. Coucher avec lui ne serait pas suffisant, même s'il n'avait pas cette morale à deux balles. Il le sait. Il ne serait pas pleinement satisfait, il se sentirait bien plus vide une fois leur nuit terminée. Alors il le regarde s'éloigner. Sans trop savoir quoi faire. Puis il secoue la tête, remet ses idées en place, et attrape le jeune homme par le poignet. Et plante un baiser au coin de ses lèvres. « Tu me préviens une fois que tu as réfléchi ? » Puis, sans plus attendre, il s'en va à son tour.