En tant que professeur, il était important de faire attention aux détails concernant nos cours et nos élèves. Sinon, il serait très difficile d’assurer un bon enseignement et d’aider ces jeunes à accrocher un minimum aux cours. Si je disais cela, ce n’était pas pour rien. En effet, il y a peu, je notais l’absence d’élèves. Bon, on me dira que ce n’était pas nouveau, des étudiants qui sont absents, cela arrivait constamment et qu’en faculté, certains ne venaient plus du tout. Et je dirais que je suis d’accord. Pour cela que je ne m’étais pas trop inquiétais au début. Mais ce fut une grossière erreur. Le nombre d’absences ne faisait que s’accroître de jour en jour. Trouvant cela troublant, je voulais vérifier si tout allait bien.

Le plus étonnant était que presque tous les étudiants absents étaient de bons élèves. Travailleurs, n’ayant jamais fait de mal à qui que ce soit, digne de confiance… Qui n’avait rien à voir avec des sécheurs habituels et qui perturbaient les cours par plaisir. Alors, j’essayais de prendre des nouvelles. Passant déjà par le bureau administratif, on m’expliqua poliment qu’en tant qu’enseignante universitaires, je n’avais qu’à me soucier à donner mon cours, et que ces jeunes devaient assumer leur absence. J’avais horreur de ça, voir un tel « flegmatisme » de responsables qui ne se souciait que de leur univers. Il ne fallait pas s’étonner si après, notre civilisation allait mal. Mais je ne voulais pas lâcher l’affaire. Je tentais de joindre le domicile de ces jeunes gens. Hélas, je n’arrivais à joindre personne. C’était comme s’ils avaient tous disparue sans laisser de traces et pas grand monde semblait le remarquer.

Que pouvais-je faire d’autre ? Appeler les autorités ? Non, je n’étais qu’une prof, alors on se demanderait pourquoi j’agirais ainsi. En rentrant chez moi, je voulais approfondir l’affaire. Il était hors de question de laisser ces mystérieuses disparitions sans réponses. Mon esprit ne trouverait pas de repos, tant que je n’aurais pas percé cet étrange mystère. C’est alors que, en étalant mes feuilles sur mon bureau, qu’un élément me sauta aux yeux et me glaça le sang comme si j’avais rejoint le Douât. Cela me paraissait anodin au départ, mais à présent… Par les dieux et si… Relevant le nom de chacun, je constatais avec effrois que chacun d’entre eux était ce que l’on pouvait qualifier de créature surnaturelle. Ou de serviteurs des dieux. Oui, j’avais reconnu les dons de certains, et parfois, je le gardais secret selon leur vouloir. Parfois certains d’entre eux ignoraient que je le savais. Mais le fait de voir que tous avaient cette particularité….

Yasmina – Isis… Quelqu’un ou quelque chose oserait s’attaquer à tes enfants ?

Cette hypothèse me paraissait juste. Les forces des ténèbres attaquaient sans relâche ce monde. Chaque personne vivant dans ce plan était la cible d’une créature ou d’un humain sanguinaire. Mais qui pourrait faire une telle chose à des étudiants qui n’ont fait aucun mal de leur vie ? Qui qu’il soit, il ne pouvait être qu’un odieux meurtrier, doubler d’un blasphémateur pour s’attaquer à des serviteurs divins, aux avatars même. En y réfléchissant, il ou ils attaquaient au bon moment, quand les forces d’Isis furent affaiblies. Était-il possible que tout cela soit lié ? Ceci me mit en colère, d’un mouvement violent, je fis tout tomber de mon bureau, le balayant de mon bras, les papiers et livres tombèrent sur le sol comme le sable balayé par le vent. Je me mis à frapper des poings sur la surface en bois pour extérioriser ma colère. L’heure était grave, je pouvais le sentir. Et comme j’étais la seule prêtresse ici, je devais agir.

Yasmina – Dans les ténèbres, on vient nous attaquer. Il faut que je me prépare pour la riposte.

Plus facile à dire qu’à faire. J’étais moi-même infecter par l’effet des chutes. Les forces d’Isis s’amenuisant, je finissais comme ma maîtresse. En conséquence, mes pouvoirs furent quasi inexistants. Rien que le fait d’y penser, je me mis à souffler comme si je devais escalader un mur de cent mètres de haut sans rien. Rien ? Non, une bonne prêtresse magicienne qui se respectait possédait plus d’un atout dans son jeu. J’avais en ma possession, plusieurs armes pouvant me servir, comme des potions, des armes et le plus important, la bénédiction d’Isis. Ceci me refit sourire, une lueur d’espoir qui illuminait cette époque bien sombre. Me relevant, je préparais mes affaires. Dans une grande sacoche, j’y rangeais divers objets pouvant me servir comme les potions et autres biens utiles. Puis, je vins vers mon autel secret, cachais dans une pièce secrète chez moi. Une statue dorée d’Isis trônait au-dessus un socle en pierre, décoré d’une stèle et d’une coupelle juste devant. J’y fais une offrande en jetant dans la coupelle de fines graines qui brûlèrent immédiatement et dont la fumée sortant d’une flamme bleue montait jusqu’au plafond. Levant les bras devant, je me mis à prier. C’était dans un dialecte égyptien ancien, mais en gros, je demandais la protection et l’aide de la déesse, que ses ennemis tombent et que l’ordre soit rétabli dans ce monde pendant cinq minutes. Une fois fait, je sortais de mon petit sanctuaire secret verrouillant bien les deux volets le cachant et m’en alla. Je quittais ma demeure, partant en guerre contre le mal. Et, je devais avouer que j’avais un peu peur. J’étais confiante, mais j’ignorais ce que je risquais d’affronter, quelles épreuves étaient dressées sur ma route, mais je gardais à l’esprit que je gagnais, je ne pouvais pas perdre.

Je devais l’avouer, je ne savais pas trop par où commencer. Étant partis rapidement dans ma lutte contre les forces du chaos, il ne m’était pas venu de suite à l’esprit de commencer à un endroit en particulier. Voyons, je pourrais toujours passer par l’université où les étudiants ont disparu, ou bien vers les chutes, là où nos problèmes ont commencé. Ou encore chez l’un d’eux. Les ténèbres nous entouraient de partout, il fut difficile de faire un choix. Et comme ma puissance fut réduite à son maximum, je risquais de ne pas avoir assez de force dans ce grand combat. Il fallait agir avec intelligence et stratégie. Si je me souvenais bien, une des étudiantes devait travailler sur un projet à la bibliothèque avant de disparaitre. Ce serait un bon départ non ? Et puis, la connaissance était le vrai pouvoir. Autant essayer.

Malheureusement, la bibliothèque n’allait pas tarder à fermer. Je ne pouvais pas attendre le lendemain, sachant que des vies étaient en jeu, sans oublier l’équilibre du monde même. Pourrais-je demander qu’on me laisse fouiller exceptionnellement ce soir les lieux ? Non-bien sûr. Et, ne savant pas trop pourquoi, une force me poussait à venir tout de même dans ce hall de la connaissance. Je ne savais pas s’il s’agissait de l’instinct, d’un reste de ma magie, ou bien Aset elle-même qui me parlait. Dans tout le cas, je savais que je devais entrer. Mais je ne désirais pas trop me faire remarquer. Si des forces maléfiques étaient en œuvre, il valait mieux être discrète. Mais comment ? Fouillant dans ma sacoche, j’avais quelques potions pouvant aidé. Une d’invisibilité. Elle serait pas mal. Efficace même, seulement, je devrais ne pas porter grand-chose sur moi et elle demandait des ingrédients rares. Mieux vaut la garder pour plus tard. Sinon, j’en avais une bien plus intéressante, la potion de la Brume. Elle enveloppait la personne d’un voile qui la rend presque invisible. En réalité, les personnes la regardant détournèrent le regard comme s’ils ne s’intéressaient nullement à vous, ou que vous n’êtes qu’une ombre.

La durée était variable, mais je pris une fiole dont il en restait un fond, donc je ne resterais pas « visible » très longtemps. Il me fallait juste assez pour entrer. Attrapant le petit récipient en verre, j’ouvris la fiole et inhalai la fine fumée qui s’en dégageait. Un voile brumeux me recouvrit de la tête au pied. Parfais. Hormis l’air frais qui me parcourait, ce n’était pas désagréable. Me dépêchant un peu, je passais devant la femme de l’accueil qui me regardait à travers moi et détourna les yeux comme prévu. Magnifique, à moins d’être un mage puissant, les serviteurs du chaos n’auront aucun moyen de me repérer.

Contrairement à ce que je croyais, l’effet ne dura pas longtemps. Pensant avoir au moins une ou deux petites heures, la brume qui m’entourait se dissipa rapidement. Il faudrait que je revoie ça une fois rentrer. Pour la suite, je me faufilais à travers les rayonnages de livres déserts, évitant de croiser grand monde. Si j’avais bonne mémoire, les étudiants aimaient faire leurs recherches aux ordinateurs. La génération de la technologie. En fouillant un peu dedans, je devrais trouver quelque chose, du moins je l’espérais. En m’y approchant, je vis une jeune femme était se donnait déjà à une besogne. Elle était étrange, je ne savais pas trop pourquoi, mais dès que j’eus fait un pied vers elle et les machines…

Alice - Si tu comptais me tuer, t'aurais dû être plus discrète.

Pourquoi une telle réaction ? Serait-ce une paranoïaque ? Non, je ne pensais pas. A la vue de la situation, il me paraissait évident qu’elle était liée aux événements actuels, et peut-être bien au monde du Douat. Sans perdre mon sang froid, gardant mon calme et serrant bien la bandoulière de ma sacoche, je me préparais à une possible confrontation. Pour le moment, j’espérais que nos échanges se concentreront juste sur les mots.

Yasmina - Pourquoi voudrais-je vous tuer. Vous ne m'avez fait aucun mal il me semble mon enfant.

Il était possible de tirer quelques informations d’elle. Comment ? Je l’ignorais, il fallait trouver la bonne méthode pour en savoir un peu plus. Elle me donnait l’impression d’être une servante d’une déité qui se serait cacher ici et dont ma venue perturberait.

Yasmina - Je ne suis venu ici que pour aider des amis. Aucune envie de faire le moindre mal.

Alice - Pardon, ma faute. Je pensais que c’était quelqu’un d’autre.
Yasmina - Ce n'est rien. Je vais juste m'installer à l'autre bout pour ne pas vous dérangez.

Quelqu’un d’autre, tu parles. Elle me paraissait des plus suspecte et je comptais bien la garder à l’œil celle-ci. C’est alors qu’une connaissance fit son entrée. Zéphyr Hale. Je ne m’attendais vraiment pas à la voir arriver ici. Une autre de mes meilleures étudiantes, qui au moins n’avait pas disparu. Je lui décochais un sourire pour la saluer, mais elle sembla être troublée par ma présence. Elle s’approcha de la fille qui était sur ses gardes pour lui parler. Une connaissance ? Des plus étranges. Quoi que, tout un mystère entourait la famille Hale, et j’étais curieuse de savoir de quoi il s’agissait. Mais à la longue, je m’étais presque résolue à laisser tomber, me disant qu’il ne devait rien à voir d’incroyable… Jusqu’à présent.

Zéphyr Hale - Alice, on peut parler en privé, j'ai besoin de te parler d'un ami qui a disparu, je crois que tu le connais.

Un ami disparu aussi ? Non, cela ne pouvait être une coïncidence. Surtout pas en ce moment. L’immense mystère qui nous entourait interdisait le cas particulier. Et je ne pouvais imaginais autrement que cet ami en commun qu’elles ont doit être un serviteur des dieux enlever, voire pire. Il fallait que j’en sois sûr, car je ne pouvais laisser cela passer. Si ces demoiselles savaient quelque chose pouvant aider à sauver des vies, il fallait que j’en aie le cœur net. Cela me fit déjà l’effet d’une bombe, les yeux rivés sur elles, comme si j’avais croisé la Méduse, et mon corps fut glacé.

Alice - Justement, je suis sur le coup. Elcyan, c’est ça ?

Elcyan ? Ce nom ne me disait rien du tout. Il ne me semblait pas être un de mes élèves, ni une de mes connaissances tout court. Mais s’il s’agissait d’une créature magique, j’avais la responsabilité de m’occuper de lui en lui venant en aide avec tous ses frères et sœurs. Je ne pouvais pas rester planter là et ne rien dire, je devais intervenir pour en savoir plus. Et tant pis si cela pouvait paraitre mal élevé. La situation ne permettait pas de respecter un quelconque protocole de politesse, des vies étaient en jeu. Et si je m’étais trompé, je pourrais toujours m’excuses par la suite et partir. Je donnerais un point ou deux en plus au prochain devoir de Zéphyr en plus.

Yasmina - Je vous prie de bien vouloir m'excusez mademoiselle Hale pour mon intrusion, mais... Depuis combien de temps votre ami à t'il disparut ?

J’avais l’impression que mon cœur allait exploser et percer ma poitrine tellement je redoutais la réponse. Quel qu’elle soit, elle ne risquait pas d’être joyeuse à entendre. Ce serait comme écouté une révélation importante dans un film ou la lire dans un roman de fiction qui changera notre vision des choses. J’espérais aussi qu’elle ne s’emporte pas de me mêler de leur affaire et m’envoie balader, ce que je comprendrais. C’était si important. Pour tenter d’éviter tout malentendu, je consentis à dévoiler quelques informations. Que Maât me pardonne d’accorder facilement ma confiance sur des choses si importantes, mais dans un combat contre le mal, on a besoin d’alliés et pour avoir des alliés, il fallait se faire confiance.

Yasmina - Plusieurs étudients ont disparue il y a peu, de manière étrange. Et je dois avoué que je suis inquiètes à leur sujet.

C’était un bon début je trouvais.

Décidément, mademoiselle Hale semblait tout faire pour m’exaspérer. L’univers des adultes et des jeunes étaient-ils si éloignés que ça ? Oh bien entendu, les jeunes pensent pouvoir tout régler par eux même, et on sait que cela finit bien souvent mal. Et si jamais, son histoire était liée à celle de mes élèves disparus, il était hors de question de les laisser se débrouiller seul, risquant des vies innocentes. Et cette autre jeune fille au comportement suspect… Tout cela ne me disait rien qui aille. Bien entendu, je n’avais que des doutes, ne pouvant faire que des suppositions sans fondements, mais rien ne m’aidaient à les contre dire. Prenant une bouffée d’air, je me remis à la charge. J’avais essayé une approche directe sans résultat, je devrais penser à plus fin sans doute.

Yasmina - Excusez-moi pour tout à l'heure. Je suis hônnetement inquiète. Comme vous, vous le semblez l'être pour votre ami. Mais... Toutes ces dispariotions sont inquiétante, et ce comportement étrange venant de certains... Si nous arrivons à nous assurer de leur bonne santé, ou en trouver un pour savoir ce qui arrive aux autres, ce serait parfait.

J’avais peut-être un peu enjoué, rien qu’un peu. Et aussi, j’aurais pu passer mon chemin et poursuivre mes recherches ailleurs. Mais c’était comme si une force inconnue me poussait vers elles, que ces deux jeunes femmes pourraient m’aider dans ma quête. Peut-être était-ce la voix d’Isis qui me guidait, ou bien l’instinct. Mais pendant que j’exposais le malheur frappant ces jeunes, je pouvais voir que la seconde fille avait trouvé quelque chose qui l’intriguait. Je ne vis qu’un nom filait sans plus. Ma curiosité était touchée au plus haut point.

Je n’étais pas des plus sûr de les avoirs convaincus. Il faudrait sans doute les persuader par une belle tentation, leur montrer que je pourrais être utile pour les aider et qu’ils avaient tout intérêt à m’aider également. Tenant bien mon sac contre moi, je me mis à leur déclarer une vérité, sans être une. On va dire une demi-vérité. A part ça, je me sentais coincé dans cette situation et il fallait qu’on avance au plus vite, sinon tous ces jeunes gens y laisseront leur peau.

Yasmina - Je ne sais comment vous dire aussi... Sans vous paraître bizarre. Mais je ne suis pas qu'une simple prof qui reste constament derrière son bureau. Je suis aussi, un peu invistigatrice. Je peux vous proposer mon aide, si vous consentez à m'aider également.

Disais-je sur un ton sérieux, les fixant comme un cobra.