Je m’approchais doucement de la chambre d’Ayla, me stoppant, la main sur la poignée. Avais-je raison de la réveiller aussi tôt, un samedi alors qu’elle récupérait de sa semaine. N’étais-je pas une mère indigne ? Non, du moins je l’espérais. Et puis c’était pour son bien, pour l’aider à progresser dans sa voie et atteindre son objectif. Poussant la porte, je la regardais dormir avant de me rapprocher de son lit, silencieuse mais pas de trop tout de même pour qu’elle m’entende arriver et qu’elle se réveille, enfin c’était le but. Mais non, rien, elle dormait encore, et si j’avais été une créature de la nuit malveillante elle serait morte à l’heure qu’il est. Tirant soudainement sur sa couette, j’allumais également la lumière du plafonnier pour la réveillé en sursaut.

- Je te veut dans le jardin en tenue d’apprentie chasseuse dans 10 minutes. Entrainement et on prendra le petit déjeuner après. Prend ton arme. Si tu n’es pas là, je viens te chercher par la peau des fesses et ça va barder. Dépêche-toi de te préparer

Sans un mot, n’écoutant pas ses vociférations et insultes, que je méritais, je me détournais et laissais le renard prendre possession de mon corps, prenant ma forme de goupil en passant la porte de sa chambre. Descendant les escaliers, j’allais dans le jardin et l’attendis bien sagement. J’en profitait pour me vider l’esprit de tout remord. Ils n’avaient pas leur place. Encore une fois je faisais ça pour elle. Elle devait s’habituer à être réactive, et malheureusement à savoir dormir en faisant attention à son environnement. Je savais le faire car j’avais grandis ainsi, mais elle non.
Alors que les dix minutes réglementaires n’allaient pas tarder à sonner, je la vis arriver, chafouin au possible. Mon dieu ma fille, qu’est-ce que tu ressembles à ta mère quand on la sort du lit. Ou pire, je ne sais pas. Pour me faire pardonner je te réserve une surprise pour le petit déjeuner dont tu me donneras des nouvelles.

- Désolé du réveil brutal, mais il le fallait, pour t’apprendre qu’on n’est jamais à l’abri du danger. Si j'avais été une créature qui te voulait du mal, tu serais morte à l'heure actuelle. Promis, après l’entrainement je me ferais pardonner. Mais d’abord, on s’entraine. Et je pense que tu vas avoir besoin de ta colère pour te donner à fond. Finalement c’est bien les réveils brutaux.

Un rire s’échappa de ma gueule avant que je retrouve mon sérieux.

- Attaque moi. Je ne suis plus ta mère mais un renard qui veut te croquer. Ne retient pas tes coups sinon c’est moi qui va pas retenir mes coups de dents.

Me relevant, je fondis sur elle à toute vitesse, visant son mollet.

Je perçus parfaitement son regard noir, mais je ne m’en offusquai pas, m’en amusa même. Pareil pour son immense soupir. De toute façon je savais que j’avais gagné la partie, elle ne s’opposerais pas à moi, elle savais que c’était vain. Si je voulais quelque chose, je l’obtenais, qu’importe les efforts et le temps que je mettrais. Et Ayla était la plus amène à le savoir, me cotoyant énormément. Mais cela ne l’empêcha pas de protester sur l’horaire. Pour toutes réponses, je fis mine de réfléchir avant de lui opposer un non catégorique et lui expliquer la raison.

- Si cela avait été plus tard, tu n’aurais pas eu l’effet de surprise d’être tiré du lit à pas d’heure. Il faut t’habituer à ne dormir que d’un œil, malheureusement. Une créature de la nuit n’attend pas que tu sois prête à te lever pour attaquer, cela peut être à tout moment donc il va falloir t’y habituer.

L’observant, j’attendus qu’elle eut assimilé mes paroles avant de lui donner l’ordre de m’attaquer et foncer sur elle. Elle se mis en position d’attaque, ce qui était bien. Par contre c’était moins bien qu’elle doute. Je lui avais pourtant dis qu’elle ne devait plus me considérer comme sa mère mais comme un ennemi. C’est pour cela qu’en guise de réponse à son inquiétude, je lui donnais un coup de dents dans la cuisse, assez fort pour la faire réagir mais pas assez pour l’handicaper. A cela j’ajoutais un ordre

- Ayla, tu attaques. Sinon la prochaine fois je mords plus fort.

Je décrivais un arc de cercle pour lui laisser le temps de se repositionner et repris mon élan pour attaquer à nouveau. J’étais prête à la mordre encore et encore jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’il lui fallait m’attaquer comme si j’étais un renard-garou et non pas sa mère. J’avais perdu tout instinct maternel, endossant le rôle de méchant. Tout en fonçant sur elle pour mordre un nouvel endroit, je la vis me repousser en m’éraflant. C’est bien, tu comprends vite.
Tout en souriant, j’accélérais le rythme, visant sa cuisse avant de me retourner et mordre le bras qui tenait son arme au dernier moment, la prenant par surprise. On dansa ainsi un moment avant que je ralentisse et m’assois.

- Très bien. On va corser

Tout en l’observant je la laissais observer mes yeux qui perdait toute lueur d’humanité pour laisser le renard dominer en moi. Cela allait lui être plus compliqué car à présent c’était mes instincts qui me guideront et non plus ma raison. Il allait lui falloir comprendre vite et bien. Sinon le nombre de morsures allait augmenter. Me mettant en retrait, je laissais le goupil que j’était foncé sur elle, tout crocs dehors.

Un rire m’échappa en l’entendant protester sur le fait que je l’avais mordu. Oui j’étais obligé sinon elle n’aurait pas réagi et cet entrainement aurait été vain. Nous dansames pendant un moment, attaquant chacun notre tour, même si j’avais un léger avantage niveau blessure infligée, même si je l’égratignais juste, sans gravité, juste la faire réagir et prendre conscience que si je le voulais, je pouvais y aller bien plus fort. Mais elle aussi se débrouillait, m’infligeant des blessures avec son couteau. A ce propos, elle était à jour niveau vaccin ? Et moi ? Car bon, je ne pouvais pas lui refiler la rage, mais elle, avec sa lame, le tétanos pouvait me guetter. Bah quoi, j’ai le droit de penser à nos vaccinations en plein combat. Non ? Bon ba ok, je n’y pense plus.
Ayla commençait à avoir le souffle court, signe qu’elle fatiguait. C’est pour cela que je ralentissais, pour lui laisser reprendre son souffle avant de corser. Et c’est aussi pour cela que je retins un peu mon renard avant de le laisser foncer sur le bout de viande que je lui proposais. Cela ne valait pas les poules du voisin, mais il y avait assez pour mordre.
Mordre. Cette bête n’a pas de plume mais sens bon. Repas pour ce soir. Un peu grand mais si je la déchiquète, j’aurais à manger pour plusieurs jours. Courir. Pour la surprendre. Echec. Elle a disparu. Douleur. Quelque chose appuie sur mon ventre. Mordre. Pour se défendre. Peur. Je ne touche plus sol, pourquoi. Douleur. Je retrouve le sol qui est dure. Colère. C’est la faute de bout de viande. Fureur. Je vais la faire souffrir. Courir. Pour avoir plus de forces pour la mordre. Sauter. Mordre son cou. Les poules meurent quand je fais ça. Erreur. Sauter trop tôt. Impact. Je me prends bout de viande. Douleur. Son brillant s’est enfoncé dans ma peau. Fuite. Je dois voir mes blessures. Douleur. Du sang coule. Vengeance. Je reviendrais la tuer. Douleur.
Je repris le contrôle avant que le renard s’enfonce dans la forêt. Cet idiot avait loupé son saut et était venu s’empaler sur la lame. Et le temps que je réagisse, bah il était trop tard. M’asseyant en face d’Ayla, je lui tirais la langue, les yeux pétillants de malice avant de commencer à lécher ma plaie pour l’aider à cicatriser. Cela fait, je me retournais vers elle et sourit dans mes moustaches.

- Bravo. Si je ne l’avais pas retenu, le renard serait au fond de la forêt en train de se soigner. Tu l’as mis en fuite.

Me levant, je trottinais jusqu’à la maison, signe que nous avions finis pour le moment.

- Douche toi, on prend le petit déjeuner à l’extérieur. Des fraises avec des gauffres et un chocolat chaud au café du coin cela te convient j’espère.

Montant dans la salle de bain, je redevins humaine et observais mes côtés où j’étais blessée. Ce n’était que superficiel. Passant à la douche, je bandais ma plaie après m’être séchée et m’habilla avant de rejoindre la chambre d’Ayla pour voir où elle en était.